Les Sélaciens de la côte algérienne, biosystématique des requins et les raies
Les requins et les raies sont souvent des animaux spectacles qui hantent l'imaginaire mais aussi et surtout des animaux de laboratoire très utilisés au plus haut niveau de la recherche fondamentale et appliquée. Nous ne perdrons pas de vue que les Elasmobranches ne sont pas uniquement recherchés pour la qualité de leur chair, mais aussi pour les usages que l'on peut en faire, en des domaines aussi divers que la maroquinerie, la peaucerie, la chimie, la pharmacologie, la cosmétologie et la médecine.
Les Sélaciens sont des poissons à très large répartition, restreinte parfois uniquement du fait des lacunes de nos connaissances : ils sont dans toutes les mers du globe et présentent une grande importance halieutique.
L'examen de notes et traités faunistiques les plus récents montre que 85 espèces de Sélaciens ont été recensées en Méditerranée. Ce nombre représente environ 13% de la faune ichthyologique de cette région. Les origines géographiques de ces espèces sont différentes et variées mais révèlent une importante influence atlantique. Leur répartition qualitative et quantitative est plus importante dans le bassin occidental que dans le bassin oriental.
En ce qui concerne les peuplements de Sélaciens dans le bassin algérien, des informations tirées de la littérature ichthyologique relativement pauvre et des observations effectuées le long de nos côtes montrent que les grandes espèces pélagiques et solitaires sont capturées occasionnellement.
On remarque dans les débarquements une plus grande abondance d'espèces pélagiques autrefois inconnues ou peu fréquentes, requins et raies manta, notamment. On ne peut cependant pas occulter l'intrusion d'immigrants au long de la cite qui réussissent à s'établir et à se reproduire, voire se perpétuer. Zone de passage obligée entre les secteurs de l'Atlantique septentrional et méridional et le reste de la Méditerranée, la côte algérienne est donc amenée à s'enrichir de nouvelles espèces d'Elasmobranches dont on connaît le rôle régulateur au sein des écosystèmes marins.
Il s'agit là d'un paramètre important tant au niveau bioécologique qu'économique dans le cadre des productions halieutiques du pays. Depuis 1996, dans le cadre de recherches sur les Elasmobranches de la côte algérienne, diverses observations ont été menées et des enquêtes diligentées sur les principaux marchés aux poissons et sites de pêche du littoral.
Concomitamment, et dans le même contexte, certaines campagnes océanographiques effectuées dans la région ont permis de compléter les informations. L'inventaire des requins et raies capturées le long de notre littoral, par la pêche commerciale a été une première approche d'un travail de systématique. Nous avons utilisé la systématique moléculaire et tenté de la combiner aux méthodes plus anciennes (morphologie et morphométrie) : le séquençage de FADN mitochondrial 16S a permis l'analyse du polymorphisme des séquences et la construction d'arbres phylogénétiques pour les représentants du genre Raja.
La présence fréquente et abondante de certains sélaciens lors des débarquements dans notre pays prouve que même dans le cas où elle n'est pas dirigée, la prise est accessoire mais non négligeable. C'est dans ce cadre que nous avons entrepris cette étude basée sur les données recueillies au cours de la campagne Thalassa : des informations relatives aux répartitions horizontales et verticales et à la biologie de la reproduction de quelques populations d'Elasmobranches ont pu ainsi être obtenues.
La longueur du cycle et le mode de reproduction, vivipare pour l'immense majorité des espèces, une maturité sexuelle atteinte tardivement et une faible prolificité font de cette catégorie d'Elasmobranches, des espèces sensibles à la pression anthropique de pêche.
Une gestion rationnelle de leurs captures doit donc être mise en place rapidement pour éviter une déstabilisation des stocks.
L'étude de la croissance de quelques populations de requins est abordée par l'analyse des structures d'âge et l'analyse des structures de taille. Les paramètres de croissance obtenus, ont permis d'établir les équations de croissance pour chaque espèce. Les paramètres d'exploitation ont également été déterminés.
Tous ces paramètres ont été intégrés dans des modèles d'exploitation tels que le modèle rétrospectif de Jones (1983) et celui prédictif de Thompson et Bell (1934).
Vouloir limiter la démarche et l'esprit de ce travail à la seule côte algérienne serait réducteur et inadéquat lorsque l'on sait que la plupart des espèces récoltées sont migratrices et certaines d'entre elles effectuent de longs déplacements. Il est donc judicieux de ne pas cantonner les observations insérées dans ce travail à la seule région marine locale. Les données provenant de régions différentes mais adjacentes jouent un rôle fondamental dans la mis.